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Les activités de substitution, les stéréotypies, ...

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souris65
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Les activités de substitution, les stéréotypies, ...

Message par souris65 »

Les activités de substitution, les stéréotypies, les activités à vide ou de déplacement chez le chien
Des problèmes qui signent un mal-être chez le chien


Les activités de substitution

On peut parler selon le cas de stéréotypie, d’activité de substitution, d’activité de déplacement, d’activité à vide.

Chez tout individu il y a deux types d’actes :
- Ceux liés à une fin biologique immédiate (toilette, marcher, manger, etc.)
- Ceux de la communication (vocalisation, postures, mimiques, etc.)


Les stéréotypies

C’est un comportement qui se répète toujours de la même façon, sans interruption, inhabituel et sans but évident, il n’est pas dirigé vers le corps.

Les activités de substitution

Une activité motrice volontaire qui se déclenche lors d’une situation conflictuelle.
Dans les deux cas cela va servir à apaiser une tension émotionnelle.

La répétition obsessionnelle de certains comportements comme le léchage (qui calme la tension) peut entraîner des dermatites de léchage. Le stress peut engendrer des troubles neuro-végétatifs et une perte des défenses immunitaires.
Ces comportements peuvent apparaître en absence ou en présence des maîtres (dans ce cas le chien ne répond pas aux injonctions du maîtres, il est comme « dans un rêve »).

Le mal-être qui va mener à la dépression avec des comportements que l’on va qualifier de bizarres, comme se retirer dans un coin complètement indifférent au monde, se ronger les ongles, se lécher les pattes ou le corps, boire sans arrêt, se plaindre sans justification, refuser de s’alimenter ou manger sans arrêt, tourner sans interruption sur lui-même…

L’activité à vide fait apparaître un comportement sans aucun déclencheur, par exemple la prédation et l’alimentation sans proie. Simuler l’enterrement d’une proie sur le carrelage…

Une activité de déplacement ou de dérivation peut être due à un blocage d’ordre physique ou social, cela permet de résoudre un conflit donc d’évacuer une tension. Un chien qui a peur d’un coup de feu et hésite entre fuir ou aboyer, peut se mettre à se toiletter ou à manger de l’herbe. Celui qui n’a pas assez d’activité physique va émettre des séquences de son répertoire comportemental, à « vide ».

Des causes pas toujours évidentes

Il faut commencer par une visite vétérinaire accompagnée d’examens afin d’éliminer des pathologies comme une atteinte sensorielle (vue, audition), une tumeur ou des troubles endocriniens.
Si les résultats sont négatifs, il faudra se livrer à une petite enquête auprès de la famille afin de découvrir l’origine de ce déséquilibre (mauvais positionnement social, mauvaise communication…) qui peut être générateur de troubles graves.
Un accident de voiture, ou tout autre traumatisme qui touche à la sensibilité comme tout simplement le fait de s’être fait attaquer par un congénère de manière brutale.

Certains chiens de « travail », subissent des traitements brutaux, y compris avec le collier à pointes aiguisées ou le collier électrique, ce qui engendre un état de détresse acquise, une angoisse permanente d’où il ne peut s’échapper (cage de transport où il est obligé de rester des heures, attache à la chaîne avec excitation, chenil d’où il ne sort que pour travailler) ; alors il va tourner en rond, aboyer, se mordre les pattes, etc.

Un changement de milieu où le sujet se retrouve dans un endroit où il n’a plus ses repères habituels, par exemple la mise en chenil pour le chien de famille que l’on ne peut emmener en vacances.

Des modifications dans la structure sociale du groupe comme l’arrivée d’un enfant qui va prendre la place du chien dans la vie affective des parents, le décès du maître, un divorce.

Le fait d’avoir partagé toutes les minutes de vie des maîtres pendant les vacances, dormant près du lit dans le camping car et se retrouvant soudain seul dans la maison lorsque ceux-ci reprennent le travail.

Le chien qui a été trop gâté, considéré souvent comme un enfant, chez qui on a omis de pratiquer le détachement obligatoire vers 5 mois…

Pour cerner l’origine du problème, une fois les causes pathologiques éliminées par le vétérinaire, on peut utiliser ma « Fiche d’évaluation comportementale » (voir mon livre : « le guide de l’éducation canine par la Méthode Naturelle » ou le site).

Certains sujets sont plus sensibles, soit par le fait de la race sélectionnée sur des critères esthétiques, par un élevage où il manque des stimulations, chez la chienne qui attend des petits, à la puberté, chez celui qui est malade avec des défenses immunitaires en baisse.

Beaucoup de problèmes comportementaux que nous avons vu apparaître chez le chiot s’accompagnent d’activités de substitution : Anxiété de séparation, syndrome de privation, hypersensibilité-hyperactivité…

Un chien de berger fait 50 km dans sa journée, il n’a pas de problèmes de comportement. Qu’en est-il de nos chiens des villes?
L’ennui est mère de tous les vices. Le sujet qui ne peut libérer l’énergie accumulée qui est normalement prévue pour la recherche de nourriture, la lutte contre les prédateurs, va chercher une situation conflictuelle compensant. Il faut absolument libérer celle-ci. C’est tous ces comportements qui surviennent mal à propos, ou bien l’énergie s’emmagasine dans l’individu et des maladies de type psychosomatique apparaissent (eczéma, asthme, ulcères, coliques, coronaropathies, etc.).

Il faut savoir que ces comportements répétitifs sont issus du répertoire comportemental normal, comme les rituels ou le comportement de toilettage, par contre ils sont exagérés considérablement. L’étourneau de K. Lorenz, frustré de proies vivantes, se met à chasser des mouches imaginaires, qu’il attrape, tient dans sa patte, décortique, mange.

L’état dépressif, des réponses émotionnelles qui se dégradent…

Un des signes les plus évidents est l’activité de substitution. C’est un comportement qui peut être éthologiquement correcte, c’est une soupape pour évacuer un stress dans une situation conflictuelle.
Par exemple, s’il hésite à se soumettre ou à attaquer face à un congénère ou à un humain, il peut se mettre à se gratter, à se lécher ou à faire une invite au jeu.

Le léchage, par exemple en présence des maîtres, peut être une demande d’attention de leur part. Cette activité spontanée qui ne correspond pas à la situation ne deviendra alarmante que si elle devient répétitive.

Les canidés sauvages enfermés dans un zoo vont continuellement se déplacer selon le même schéma, par exemple sauter sur la grille, marcher jusqu’au bout de la cage, revenir par le même trajet et sauter à nouveau.
Le cheval enfermé dans son box aura des tics comme se balancer, se mettre à ronger du bois, avaler de l’air, etc. Chez les humains on appelle cela des tocs, c'est-à-dire des Troubles Obsessionnels Compulsifs (se ronger les ongles).

Chez le chien les principales activités de substitutions sont issues :


- se ronger les griffes (cela peut aller jusqu’à l’amputation du doigt),
- chercher à manger le plus souvent possible (on sait que c’est surtout le chien des villes qui n’est pas assez stimulé qui va calmer son angoisse ainsi, d’où l’obésité !).
- boire souvent, encore un moyen de calmer l’angoisse (il va se coucher près de sa gamelle d’eau et boire continuellement), une ingestion de plus de 2 litres d’eau.
- diminution du sommeil
- baver
- coprophagie
- tourne en rond pendant plus d’une heure au risque de se blesser, saute sur place, marche en 8 (chenil)
- léchage de l’anus.
- léchage du flanc (souvent flanc gauche : Doberman).
- léchage d’une tétine chez la femelle
- léchage d’objets
- chevauchement d’un objet, masturbation orale
- faire des trous partout dans le jardin.
- aboiements rythmés
- avoir le regard fixe, chasser des mouches ou des proies imaginaires
- mordiller ce qui est à sa portée et même l’avaler (pica)…

La prévention et la correction

Faire mener au chien une vie saine et équilibrée en le préparant depuis le plus jeune âge aux conditions de vie humaines qui ne sont pas toujours naturelles !

Il faut penser en canidé et non en humain, sinon en va accumuler les erreurs sans s’en apercevoir, en croyant faire pour le mieux.

Dans ce type de trouble anxieux, on ne doit jamais utiliser la punition ou même les appareillages de contention, comme la muselière ou la collerette pour empêcher le léchage, l’attache ou l’enfermement dans un box pour le tournis, sinon on aggrave le problème.

Le chien a besoin d’une hiérarchie, une autorité obligatoire qui le rassure. Attention de ne pas confondre autorité librement consentie, car elle est juste, et brutalité et douleur qui stressent.

En cas d’hyperattachement, pratiquer l’isolement social progressif pour rendre plus claire la hiérarchie.
Il lui faut des stimulations.

Un loup qui vit à l’état sauvage ou un chien de berger qui parcoure une cinquantaine de kilomètres dans sa journée, n’ont pas de tels problèmes. Donc, des sorties en liberté au moins une heure par jour, des jeux, des exercices de concentration avec réussites comme le pistage.

Il a besoin de continuité dans son mode d’existence. IL exige de prendre le plus possible de repères dans l’environnement où il vit. Si vous devez le laisser en chenil, faites lui connaître l’endroit progressivement en associant avec de l’agréable. Au moment de le laisser, donnez-lui un de vos vêtement que vous portez souvent afin qu’il retrouve votre odeur ou bien mettez lui un collier avec un diffuseur de phéromones DAP qui calment (le chien est surtout un olfactif).

Si un bébé doit arriver dans la famille, préparez votre chien en lui faisant sentir un vêtement de l’enfant qui est encore à la maternité (surtout pas les couches), en le mettant à l’extérieur pour de courtes périodes s’il a l’habitude d’être toujours dedans, pour le rentrer à l’arrivée du bébé ( le fait d’être réintégré dans les faveurs des maîtres alors qu’il craignait d’être mis au ban de la meute, empêchera toute velléité de repousser celui qui arrive), enfin en le mettant au contact avec l’enfant tout en offrant un nouveau jouet ou une friandise.

Joseph ORTEGA - Janvier 2011
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
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