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Bien communiquer pour bien cohabiter avec son chien

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souris65
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Bien communiquer pour bien cohabiter avec son chien

Message par souris65 »

Texte publié dans le magazine "Molosses news" n°27 de Juin/Juillet 2003.

Bien communiquer pour bien cohabiter avec son chien

Vivre avec un chien c’est cohabiter avec un être vivant d’une espèce différente de la nôtre.
Réussir cette cohabitation nécessite de bien se comprendre et d’avoir quelques clés pour bien communiquer.

Si c’est un chien de race molossoïde, parmi lesquelles il y a un nombre important de sujets au très fort tempérament, aussi bien que si c’est un petit chien dit « de compagnie » les relations réussies sont basées sur:

1. une connaissance des conduites sociales et de communications canines
2. une connaissance des techniques de base de l’apprentissage
3. l’autorité, la fermeté des maîtres pour imposer les règles nécessaires pour une vie harmonieuse en groupe

Sans la connaissance des conduites sociales et de communications canines, comment comprendre et interpréter avec pertinence les comportements de son compagnon ?

Le risque le plus courant, est de penser que le chien se comporte comme le ferait un être humain à sa place.

Un déplacement et une approche rapide sont considérés par le chien comme une agression. C’est cependant souvent ainsi qu’ils nous voient avancer vers eux (surtout les enfants !) parfois tout gai et tout sourire (je dirais « toutes dents dehors ») ce qui se révèle plutôt menaçant (du point de vue canin) Pourtant (de notre point de vue) qu’y a t’il là d’inquiétant dans notre comportement ? à part cette innocente et joyeuse précipitation à aller spontanément vers l’autre !?

De même que regarder l’autre droit dans les yeux pour un chien est carrément une provocation, alors que nous trouvons qu’il n’est pas franc de ne pas regarder l’autre en face !

Se frotter, s’appuyer de tout son corps, du museau ou de la patte sur un congénère ou sur nous, peut nous sembler un geste affectueux du chien. En fait, il n’en est rien, il cherche à marquer sa dominance sur l’autre !

Quand un chien ne parvient pas à comprendre ce que l’on attend de lui, cela suscite souvent sa peur. C’est capital de savoir bien reconnaître comme telle cette émotion chez son animal, pour ne pas aggraver la situation. Il est juste alors de se demander si nous avons été clairs dans nos commandements et si ce ne sont pas tout simplement nos messages, qui sont illisibles pour lui.

Ces quelques exemples ordinaires de conduites canines en disent déjà long sur ce qui différencie nos deux espèces, et comment spontanément nous les interprétons de notre seul point de vue humain.

Sans la connaissance des techniques de base de l’apprentissage, comment se faire bien comprendre de son compagnon ? le risque le plus courant est de favoriser le langage verbal* ( système de communication privilégié des humains entre eux), alors que le chien utilise le langage non verbal** renforcé du para-verbal**.

« Tyson, ASSIS ! » disait Marc à son molosse à tout bout de champ quand celui-ci était agité… suivi en criant, de « je te dis de t’asseoir ! » parce que Tyson ne s’exécutait pas de suite..renforcé en hurlant: de « bon sang, mais je t’ai dit ASSIS,!!! »

Marc, débordé, affirmait que son chien ne comprenait rien, et surtout n’en faisait généralement qu’à sa tête, et que « d’ailleurs c’était bien de sa race »!!

Les choses se compliquaient singulièrement pour demander au chien de venir. Tyson s’entendait brailler un « AU PIED ! » par Marc, un « viens là mon chien » par Valérie sa maîtresse, et un « Tyson, ICI ! » par Thomas leur fils de 15 ans

Inutile de préciser que dans la maison,Tyson ne réagissait que de manière désordonnée. Dans le jardin, n’en parlons pas, et en promenade il n’était pas lâché « car il faisait exprès de ne pas obéir !! »


*Les êtres humains communiquent entre eux principalement par la parole avec le choix des mots (le verbal), mais pas seulement. Ils utilisent aussi beaucoup les gestes (le non verbal) ainsi que les tons et les modulations de la voix (le para-verbal). Ces 2 canaux de communication complémentaires venant ponctuer, souligner, renforcer leurs propos.

**Les chiens communiquent entre eux avec :

le non verbal c’est à dire les gestes (les postures, les mimiques, les attitudes, les regards, la distance ou les rapprochements) qu’ils modulent avec

le para-verbal c’est à dire des sons dans un très vaste registre d’intonations (aboiements, jappements, hurlements, grognements, gémissements etc.)

En déplaçant et utilisant leur corps en une vaste gamme gestuelle et sonore, nos chiens « parlent » un langage riche et varié pour exprimer leurs états émotionnels, leurs intentions, leurs besoins, leurs désirs.


Même si pour nos compagnons nos mots n’ont pas de sens, ils ont la capacité d’en mémoriser un très grand nombre, et nous pouvons leur apprendre à les associer à une action. Mais sans accès à la signification de nos propos, c’est donc au ton de notre voix, à nos gestes et attitudes que le chien accordera la plus grande importance.

Voilà pourquoi avant d’affirmer que votre chien ne comprend rien, qu’il n’est pas intelligent, mais têtu, paresseux ou indépendant, demandez-vous d’abord si vous vous êtes bien fait comprendre.

Êtes-vous sûr d’avoir été clair dans la manière d’obtenir ce que vous vouliez de lui ?

Pour le faire rentrer du jardin, Marc et Valérie lançaient donc des ordres divers pour attirer Tyson. Après quelques « viens là ! » et « veux-tu venir ici ! » sur un ton exaspéré, je les voyais capituler rapidement et user ensuite de stratagèmes tels qu’agiter le jouet préféré du chien ou l’appâter avec un morceau de fromage, et quand enfin Tyson, hésitant, s’approchait, le saisir prestement pour généralement lui crier dessus et l’obliger à aller dans son panier.

Ils déployaient exactement tout ce qu’il faut faire pour que le chien ne revienne plus. Des ordres imprécis, sur un ton rude, sans constance, suivis de projets destinés à tromper l’animal, qui finalement se faisait capturer s’il tentait une approche et réprimander quand ça n’était pas corriger ! il a fallut pas mal de temps pour que Tyson retrouve confiance dans ses maîtres ; avec des rappels proposés d’une voix enjouée, accroupis en frappant sur les cuisses, en insistant jusqu’au retour de l’animal, avec récompenses systématiques de grosses caresses, de joyeux « ouiii ! c’est bien Tyson » + des friandises et sans se saisir du molosse mais au contraire en lui proposant de repartir.

Pour nous comme pour l’espèce canine, c’est la concordance de tous les systèmes de communication employés qui crédibilise le message et augmente sa capacité d’être perçu avec justesse.

Prenez l’habitude de donner des ordres avec toujours les mêmes mots simples, employés par tous les membres de la famille, sur le ton qui convient et avec les gestes incitateurs qui peuvent renforcer le signal.

Notez comme le ton employé pour l’apprentissage d’un ordre est capital. Une voix forte et résonnante propre à stopper un élan, doit plutôt être réservée à un « NON » ferme qui signifie au chien votre désaccord, mais pas à un « VIENS ! » qui doit être appris sur le ton de l’invitation joyeuse pour susciter son empressement.

Les 2 ordres de base : « ASSIS » et « VIENS », nécessaires tout au long de la relation maîtres et chien, doivent être obtenus ainsi de manière agréable, instaurant la confiance.

Si votre compagnon y obéi de façon souple, joyeuse et rapide (quelle que soit sa préoccupation momentanée) ils serviront à tout instant et permettront ensuite l’apprentissage aisé de multiples autres ordres.

On peut facilement initier le chiot ou même un chien plus âgé (il n’y a pas d’âge pour lui apprendre) à ces 2 ordres de base, au moment de la gamelle. Lancer un joyeux « Tyson, viens, viens Tyson ! » en faisant entendre le bruit des croquettes, rend votre appel irrésistible. Suivi de l’ordre « Tyson assis ! » lui aussi sur un ton engageant (auquel il ne résistera pas longtemps devant la promesse de se régaler), oblige le chien au calme que nécessite cette posture. Vous serez immédiatement très gratifiant en donnant la gamelle si convoitée, récompensant ainsi l’obéissance.

Pour les renforcer, ces 2 ordres pouvant ensuite être renouvelés dans la journée, sur le même ton agréable, jusqu’au résultat escompté (même si c’est long) et récompensés par les caresses du regard, de la voix et de la main.

A propos de tout apprentissage nouveau, commencez toujours quand le chien est tranquille; ensuite plus cet apprentissage est fait et répété favorablement pour l’animal, plus il s’installera vite et durablement, en des séances courtes et renouvelées plus souvent.

Procédez graduellement, commencez à la maison dans le calme, puis progressivement à l’extérieur en zone tranquille, puis plus fréquentée donc plus stimulante pour le chien. N’exigez pas l’obéissance à des ordres nouveaux lancés quand l'animal est stimulé par les enfants qui s’amusent non loin par exemple !

Privilégiez bien la gestuelle qui renforcent les signaux de la voix ; elle doit être incitative, inventive, pourquoi pas farfelue ! Les chiens aiment quand leur maître applaudit, s’accroupit, écarte les bras, se cache derrière un obstacle.

Technique très simple pour apprendre un commandement nouveau : toujours précédé du nom du chien, lancer l’ordre de préférence juste au moment où l’animal fait de lui-même l’action désirée ; cela lui permet d’associer rapidement ce mot, à ce qu’il s’engage à faire.

En récompensant sur-le-champ de la voix, d’une caresse et au début d’une friandise en plus, vous avez toute chance de voir votre chien reproduire ce comportement à votre demande.

Il ne perçoit pas ainsi les ordres comme une contrainte, mais comme un plaisir de communiquer, de partager des moments avec vous, car la joie du chien c’est l’attention de son maître.

Attention ensuite, à rester neutre et ne pas récompenser maladroitement un comportement appris que votre compagnon exécute de lui-même ; cela reviendrait alors à obéir à ce qui serait une commande d’attention de sa part!

Il est souvent salutaire de prendre conseil auprès de professionnels pour réussir à bien se faire comprendre de son chien.

Apprendre à mieux décoder les comportements de son compagnon, pour mieux y répondre de manière appropriée, c’est le travail du comportementaliste

Apprendre les bons gestes pour le contrôle de son animal en promenade en ville ou à la campagne, c’est le travail de l’éducateur canin.

L’un et l’autre, chacun dans son domaine, peut apporter en quelques entretiens ou séances, des clés pour construire ou rétablir une relation harmonieuse avec son chien.

Sans l’autorité et les qualités de constances et de cohérence qui vont avec, comment se faire respecter et donc obéir de son chien ? le risque le plus courant est de croire que l’on se fera mieux aimer de son compagnon si l’on est permissif avec lui. Comme on le voit au cours de ce développement, c’est d’autorité dont le chien a besoin. Le laisser sans direction, sans marche à suivre, à décider lui-même de ce qu’il veut à la maison ou en promenade, n’est qu’irresponsable et néfaste pour tous.

Vouloir être celui qui décide ne peut être que le fait d’une personne avertie et avisée, constante et cohérente.

Comment espérer avoir l’obéissance de votre compagnon

En croyant qu’il vous comprend en interprétant ses comportements à tort ?

Ou sans lui accorder ni le temps ni la patience que nécessite tout apprentissage ?

Ou sans être cohérent, en interdisant par exemple aujourd’hui, ce qui était autorisé la veille ?

Ou sans être constant et proférant des ordres sans les pousser jusqu’au résultat escompté, et ou involontairement on lui apprend justement qu’il peut ne pas obéir !?

Ou en usant de la punition de manière inutile ou abusive ? (à ce sujet je vois des maîtres punir ou récompenser pour quelque chose que le chien n’a pas fait ; il ne peut pas comprendre qu’on l’agresse pour une « non action » ! Ou punir un chien qui se soumet: la posture de soumission chez le chien, étant entre congénères justement destinée à éviter les agressions ! Punir ne devrait jamais être rien d’autre qu’ignorer ou bouder son chien, sa plus grande joie étant l’attention de son maître)

Toutes ces conduites ne sont assurément pas celles de l'autorité et ne peuvent susciter chez l’animal que des comportements désordonnés.

Danièle Mirat
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
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