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Socialisation … dans la prévention des accidents

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souris65
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Socialisation … dans la prévention des accidents

Message par souris65 »

Comprendre l’origine et le comportement d’un chien,
l’importance de sa socialisation dans la prévention
des accidents


Introduction
Dans le but de prévenir des accidents provoqués par des chiens sur des enfants, il importe de connaître le chien et de prévoir ses comportements. On peut connaître par intuition ou par connaissance intellectuelle. C’est par cette seconde méthode que je me propose d’apporter quelques lumières.

Quelques éléments d’histoire et d’éthologie
Le chien fut introduit dans les systèmes humains il y a 15.000 ans. A cette époque, les conditions de vie étaient difficiles et le chien devait être utile, que ce soit comme chasseur, éboueur ou source de chaleur. Aujourd’hui, les conditions de vie sont très différentes. Le chien se prélasse dans un sofa et les comportements d’antan sont considérés désormaiscomme des problèmes et des nuisances. Cependant, en 15.000 ans, l’éthologie et la psychologie du chien ont-elles changé ? Le chien s’est-il adapté ou a-t-il été adapté à nos conditions de vie récentes ?

Eléments essentiels d’éthologie et de psychologie du chien
Pourquoi chercher à comprendre la psychologie du chien ? L’idée qui sous-tend ce besoin de compréhension est l’insécurité : comment prévoir le comportement de l’animal dans des contextes particuliers ? Le comportement de l’animal est-il prévisible ? La domestication (par manipulation génétique) du chien au cours des millénaires a pour but de le rendre plus manipulable dans un environnement humain et pour les intérêts humains. Il en est de même de la socialisation.

La génétique
La domestication et la sélection des différentes compétences du chien (chasse, garde, défense, berger, bouvier, etc.) passe par la manipulation génétique. On influence ainsi la taille, la morphologie, la physiologie et les comportements, rendant l’animal plus prévisible. L’analyse éthologique du chien de famille n’a pas encore été réalisée. On ne connaît pas les normes comportementales du chien. On imagine cependant qu’elles varient grandement dans l’espèce et les races. Je désire attirer l’attention sur deux éléments : l’expression génétique directe (ce qui existe dès la naissance) et l’expression tardive (celle qui s’exprime après plusieurs semaines ou mois de vie).
Chaque chiot a sa personnalité qui se révèle assez vite et influence par ailleurs l’environnement de socialisation. Il y a des individus craintifs, d’autres équilibrés et d’autres plutôt passifs ou hyper (hyperactifs, hyper vigilants, etc.). Il n’est donc pas indifférent d’acquérir un chiot dans une lignée de chiens de chasse, de chiens de défense ou de chiens de famille. Plus tard dans la vie et généralement aux alentours de la puberté, le chien peut changer énormément de personnalité et ressembler psychologiquement plus à une combinaison génétique de ses ascendants. De nombreuses formes d’agression apparaissent à cet âge, comme l’agression de défense territoriale, l’agression de distancement, etc.
Enfin, les mutations génétiques existent à tout moment. Celles qui posent problème sont celles qui permettent au chien de retrouver des gènes « sauvages », c’est à dire des gènes qui lui permettent d’être plus proche de ses ancêtres qui survivent (très bien) en milieu naturel.

La socialisation
La socialisation est la capacité de rentrer en communication sociale avec un autre individu. La sociabilité est la recherche du contact social. Pour être socialisé, le chien doit acquérir les moyens de communication adaptés à l’individu avec lequel il veut communiquer. Le chien vit dans un environnement à espèces multiples. On exige de lui qu’il puisse communiquer et s’adapter à (c’est à dire comprendre) la communication de plusieurs espèces. Pour ce faire, on met à profit sa plasticité psychologique et ses facultés incroyables d’apprentissage. Il existe une période remarquable dans le jeune âge qui permet un apprentissage aisé et rapide. On appelle cette période la phase d’empreinte ou d’imprégnation ou encore de socialisation primaire. Cette phase se termine vers 12 à 14 semaines. Après cet âge, l’apprentissage est beaucoup plus difficile. En pratique, pour la bonne communication entre chiens et enfants, le chiot doit connaître les enfants avant l’âge de 12 semaines, c’est à dire établir avec eux une relation de communication positive.
La socialisation entre espèces différentes est sujette à l’oubli, c’est à dire qu’elle doit être entretenue toute la vie de l’animal. De plus, elle est partielle et ne permet pas une généralisation complète, c’est à dire que la socialisation à quelques enfants ne se généralise pas à tous les enfants (en tant que sub-groupe de l’espèce humaine).

Les besoins éthologiques et écologiques
On oublie que le chien est un prédateur carnivore-omnivore. Même si le chien a perdu les compétences prédatrices de ses frères sauvages (le loup par exemple), il partage néanmoins avec eux le même code génétique (et leur reproduction est fertile). Il y a donc, à côté de la grande majorité des toutous gentils, un pourcentage non négligeable de chiens qui gardent partiellement intact leur potentiel de survie sans l’humain et un grand nombre de chiens qui présentent les défauts des qualités que nous voulions développer chez eux: chasse, garde, défense, agression, (hyper)activité, etc. Les besoins de mouvement, de sommeil, de toilettage, de contact social, de confort, de chasse, etc. varient grandement d’un chien à l’autre. Ils sont partiellement prévisibles dans les races ou les lignées et peuvent être anticipés par l’analyse du comportement des parents (et ascendants). Si les besoins éthologiques ne sont pas respectés, cela entraîne des frustrations et l’expression de comportements indésirables. J’ai constaté que la majorité des chiens n’a (plus) rien à faire et ne peut plus structurer sa vie par ses actions, seulement par ses non-actions, c’est à dire la tolérance de l’inactivité.

Physiologie et pathologie
Un facteur essentiel dont on doit tenir compte est l’instabilité de l’équilibre physiologique. Le chien est sujet à la maladie physique et/ou psychologique. Généralement les déclencheurs sont toujours multiples et associent des facteurs endogènes ou exogènes.

Education
J’emploie le terme éducation comme synonyme d’intégration harmonieuse dans l’environnement spatial et social des humains. Il s’agit essentiellement d’être des propriétaires responsables et respectueux du bien-être animal, que ce soit dans ses contraintes éthologiques et dans le respect du « être, faire et avoir » : avoir les conditions environnementales de bienêtre, faire des activités physiques et cognitives, renforçantes et motivantes et dès lors être bien dans sa tête et dans son corps. Je dirais à titre de boutade que tout chien devrait être un chien de cirque, faisant des « trucs » pour mériter sa pitance.

Prévention des accidents
Dans tous les cas de figure, la prévention va dépendre de la personnalité de l’animal, de son état physiopathologique et du respect des besoins éthologiques.

Accidents par comportement moteur

De nombreux accidents sont liés au comportement locomoteur du chien, courses, bousculades, etc. La prévention passe par l’apprentissage du contrôle de soi chez le chien.

Accidents par morsures
Les accidents par morsure constituent le danger le plus important. Voir à ce sujet l’article du Dr Kahn.
Comprendre les différentes formes d’agression chez le chien
Une agression n’est pas l’autre. Je propose en annexe un tableau des différentes classes d’agression. Une meilleure prévention nécessite une bonne compréhension des contextes d’agression.

Interface humain-chien
Il n’y a pas d’agression s’il n’y a pas au moins deux individus, l’agresseur et la victime. Mais qui est l’agresseur et qui est la victime ? Dans de nombreux cas d’accident, le chien réagit à une agression par l’humain. Cette analyse duelle coupable-victime est fausse. Il s’agit plutôt de (mauvaise) communication et d’absence de respect des conditions de vie de l’animal. A observer les interactions humain-chien je constate que le chien n’est pas respecté en tant qu’individu et qu’il est souvent considéré comme un objet de caresse au même titre qu’une peluche (vivante). A la différence de la peluche qui ne mord pas, le chien, lui, peut réagir par des morsures.
Un problème est que l’enfant n’est pas toujours apte à communiquer adéquatement et de façon adaptative à l’animal dans un environnement particulier. Un des facteurs importants du contrôle de l’agression canine dans la maison est la présence d’un humain adulte à proximité de l’enfant.

Type d’agression
Education des jeunes / agression parentale disciplinaire et de sevrage
- Agression parentale de sevrage
- Agression parentale disciplinaire
- Agression parentale éducative
Agression de/du jeu
- Jeux de combat
Agression compétitive - sociale
- Agression déclenchée par l’aliment
- Agression déclenchée par des objets non alimentaires / de possession
- Agression liée au lieu de repos
- Agression liée aux interactions sociales /contrôle d’alliance
- Agression liée au contrôle de l’espace
- Agression liée au contrôle sexuel
- Agression déclenchée par une compétition pour d’autres ressources, non spécifiée.
- Combats de duels
o Agression de dominance
Agression intra sexuelle (intra spécifique intergroupe)
Agression sexuelle
Agression par irritation (irritable)
- Agression de frustration
- Agression de douleur
Défense des jeunes
- Agression maternelle
Défense de l’espace / agression de gestion de l’espace
- Agression de distancement
- Agression de défense de groupe
- Agression territoriale
Agression redirigée
Agression de poursuite
Agression critique
- Agression par peur
o Agression anti prédatrice
Agression apprise
- Agression conditionnée (conditionnement classique)
- Agression instrumentale (conditionnement opérant)
- Agression de dressage (conditionnement opérant)
Agression de meute (Mobbing / ganging)
Infanticide
Agressions prédatrices
- Chasse en groupe
Agression atypique
- Agression de trouble hyperactivité
- Hyper agression due à un trouble somatique
- Agression idiopathique
- Agression de la personnalité dyssociale


Conclusions

Quelques éléments de connaissance de psychologie du chien sont essentiels à la prévention des accidents dont sont victimes les enfants. Ces éléments sont la génétique, la socialisation, l’éducation, le respect des conditions éthologiques et l’examen physiopathologique du comportement.

Références Dehasse Joël. L’éducation du chien. Le Jour, éditeur, 2002. http://www.joeldehasse.com.
http://www.one.be/EDUCATIONSANTEDOCS/Textedehasse.pdf
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
Verrouillé

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