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Comme nous, le chien est un être de contact

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souris65
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Comme nous, le chien est un être de contact

Message par souris65 »

Chez la plupart des propriétaires de chien, l’affectif est en première ligne quand il s’agit de faire l’inventaire des attentes qu’ils ont de leur animal.
C’est ainsi que le très médiatique éthologue Boris Cyrulnik nous dit que : «Le chien a tous les effets d'un antidépresseur… au point qu’on est tenté de chercher dans sa compagnie le remède à tous nos manques affectifs ».
Il est considéré comme naturel et facile, que cet animal soit le compagnon de vie de tout humain.
Le chien ami de l’enfance, confident de l’adolescence ou du 3ème âge, celui qui console, rassure, remplace une présence humaine et que l’on va pouvoir câliner, peut cependant ne pas y garder son équilibre psychique, comportemental et même physiologique.
Mammifère social aimant vivre en groupe, il recherche près de nous les contacts et s’en contente, puisqu’il lui est impossible de vivre avec ses propres congénères. Embarqués dans une mutuelle demande de rapprochements aussi nécessaires à nous qu’à lui, n’allons pas dans cette rencontre « oublier que le chien… est un chien », qui pour être capable de nous offrir tout cet affectif, doit d’abord y être préparé par nos soins, dans la connaissance et le respect de ses besoins éthologiques.
Le tableau des relations homme/chien n’est pas qu’idyllique et ce sont même des déconvenues qui surgissent quand l’animal ne répond pas bien à tout ce que l’on attend de lui.
Comment explique t’on les conduites agressives d’un chien dont les maîtres sont persuadés de lui avoir offert la plus grande affection ? Comment explique t- on les craintes de certains chiens vis-à-vis des humains, ne parvenant pas à nouer avec ceux-ci des relations faciles ?

Pour devenir un être social et de contact
C’est par les multiples contacts précoces avec sa mère et sa fratrie, que le chiot « s’imprègne » d’abord à son espèce.
Dès sa naissance le petit et sa mère se sentent, se touchent, elle le toilette, il se familiarise avec elle et son absence prolongée entraîne la détresse du chiot.
Une mère équilibrée fait faire à ses petits en interaction avec elle, si sa portée lui est laissée au moins 8 pleines semaines, les premiers acquis des rituels de salutations, de soumission, de dominance, d’invitation au jeu, avec l’auto contrôle de leur énergie et l’inhibition de leur morsure. Ils se familiarisent avec les postures, les mimiques, les vocalises régissant la communication entre les uns et les autres. Ce sont tous ces rituels sociaux que le chiot (et le chien plus tard) emploiera pour interagir avec les humains (en n’étant pas mordilleur à l’excès, sachant respecter les limites et s’apaiser).
De même, c’est la qualité des échanges sociaux entre les éleveurs, leur reproductrice et leurs autres chiens, qui font des chiots naturellement confiants dans l’humain, à l’image de l’adulte reproducteur. Si les personnes qui entourent les chiots leur offrent des contacts et soins doux et agréables, c’est une bonne socialisation à l’espèce humaine qui se prépare.
La qualité des contacts que le petit animal sera capable de développer plus tard avec tout son entourage, dépendra elle-même de la qualité de ces 2 imprégnations du très jeune âge (aux 2 espèces, canine et humaine) qui auront façonné un chiot facile à éduquer.

Savoir initier les contacts
Dès l’acquisition d’un chiot et sur la base de ces bonnes conditions d’élevage, le plus gros du travail reste à faire aux maîtres qui ont à développer la confiance du petit animal dans des échanges complices pour l’hygiène quotidienne.
Ces soins à donner sont des moments privilégiés, pour apprendre au chiot à y coopérer plutôt que de vouloir le contraindre. Obtenir qu’il se soumette au bain, brossage du poil, contrôle des oreilles, nettoyage des dents et des yeux, à l’essuyage des pattes, tout cela avec des « assis ! » et « pas bouger ! » sur le ton de la menace, n’est pas très glorieux. Les plus dociles vont se laisser faire avec crainte, mais on sape la confiance qu’ils auraient pu développer. Avec les plus forts en tempérament, on s’expose à leur résistance devant ce qu’ils vivent comme des agressions sans comprendre. En renchérissant avec plus de rudesse encore, on peut être conduit à ne plus pouvoir faire un soin quel qu’il soit, sans risquer grognements et morsure si l’on insiste.
Au lieu de développer la complicité, on a juste mis en place une relation basée sur la crainte et les rapports de force, parfois sur les conseils de professionnels (conseils de brutalités devant pourtant être systématiquement rejetés, le chien n’étant pas un animal sauvage à dompter !)
Mieux vaut donc faire appel au comportementaliste si l’on se sent un peu malhabile pour ces premières manipulations et premiers échanges, qui vont colorer toute la relation future. De même si des conflits sont installés, pour re-pacifier les rapports avec l’animal (sans attendre que les choses s’enveniment davantage)
Le choix des professionnels qui auront à s’occuper du chien, est à faire avec soin. Toiletteur, vétérinaire, éducateur canin s’il y a besoin, doivent être respectueux dans leur approche et au contact de votre animal. Ne laissez personne le rudoyer ou vous inviter vous-même à le brutaliser ! C’est très courant !
Tous les soins à porter à un animal par des personnes qui ne sont pas de son entourage affectif, doivent être faits dans le respect de ses craintes légitimes d’une part, et dans l’économie maximum de contraintes (c’est possible et cela s’apprend).
Nous devons tous ajuster nos contacts à la familiarité dans laquelle on est (ou pas) avec l’animal, ainsi qu’à sa morphologie (robuste ou délicate) son âge (chiot fragile, ou adulte âgé et possiblement douloureux). Sur tous ces aspects, les enfants doivent être mis en garde précocement et de plus en plus précisément quand ils grandissent. Pas question d’aller caresser et encore moins étreindre un chien croisé en balade comme le chien de la famille !
L’absence de toucher et l’approche neutre sont plutôt les atouts dont il faut user, pour aborder les chiens peu ou pas connus (surtout les peureux !) La plus grande réserve ou neutralité est préférable en attendant de savoir si l’animal est confiant ou craintif d’une part, et s’il est animé lui-même d’une envie d’entrer en contact ou pas.

Nos démonstrations affectives
Comment les chiens vivent-ils nos caresses et bisous, nos étreintes et autres familiarités ? (À ne réserver donc qu’à notre propre animal)
Ces gestes et contacts privilégiés dont nous sommes si friands, et qui nous semblent bien anodins, ne sont pourtant pas pour le chien aussi simple à recevoir. Pour une part, le sens de ces démonstrations affectives échappe à l’animal, qui lui, ne les vit pas exactement comme telles.
Nous sommes dans le piège anthropomorphique de l’émotion que nous ressentons en touchant et caressant l’animal. Nous imaginons à ces instants qu’il est motivé comme nous, et qu’il vit et ressent exactement ce qui nous anime.

Pourtant la réalité canine est un peu autre.
Ex : le chien qui passe entre nos jambes ou se frotte, se colle, s’adosse contre nous… s’allonge sur nos pieds ou pose ses deux pattes avant (pour les plus grand) sur nos cuisses dès que nous sommes assis.
Loin de simplement dire sa vive affection, l’innocent « marque », s'immisce, s'impose et va jusqu’à exercer une sorte de contrôle sur ses maîtres et leurs déplacements. Ceux-ci souvent émus par ce qu’ils interprètent comme pures marques d’affection et d’allégeance, valident ces comportements en y répondant, mais à contre sens, par des caresses, câlins et bisous, qui peuvent alors être mal vécus par le chien. (Initier, voire imposer des contacts ne peut être que le fait d'un leader sur l'autre et se laisser initier voire imposer ce que l'autre veut, revient à se subordonner dans ces interactions). Combien d’étreintes (caresses, câlins et bisous) données suite aux initiatives de contact du chien, ont vu la vive réaction de défense de l’animal qui les a alors vécues comme d’inquiétantes contraintes.

En frôlant, léchant, mettant la patte sur un congénère (ou un humain), un chien exprime son état émotionnel, son rang social et ses intentions. Penser que ces comportements sont amicaux n’est pas faux, mais bien trop réducteur au risque de se méprendre sur le message qu’ils peuvent transmettre suivant les contextes.

Le chien n’est pas une peluche, mais un être vivant et réagissant.
Il n’est pas non plus un être humain avec des codes de conduites et ressentis pareils aux nôtres. Ces constatations doivent nous conduire à mieux connaître le chien pour mieux le comprendre, et ne pas le mettre dans l’embarras d’une « mal aimance » face à laquelle il peinerait à s’ajuster.

Danièle Mirat - Texte publié dans le magazine Santé pratique animaux de juillet 2005
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
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