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L'observation éthologique dans un trouble du comportement

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souris65
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L'observation éthologique dans un trouble du comportement

Message par souris65 »

L’éducation du chien commence par celle du maître ! « L’observation de l’animal sauvage qui vit à l’état de nature permet de constater qu’il passe son existence dans le souci constant d’éviter ses ennemis et de rechercher sa nourriture : or, la vie captive le libère de ces deux inquiétudes primordiales, et il est évident que ce changement de vie comporte des conséquences profondes. La captivité lui supprime les plus importantes. Il dispose donc d’une réserve d’énergie considérable qu’il faut savoir endiguer »
Hediger.
« La néoténie, repousse la maturité, et permet d’accroître les possibilités d’apprentissage » Chialine
Si l’on compare avec son ancêtre le loup, notre chien garde des caractères juvéniles toute sa vie et dispose de cette réserve d’énergie inemployée pour la survie.
Observer, selon le dictionnaire, c’est considérer, étudier avec soin. L’éthologie c’est comprendre et décrire les comportements d’une espèce, l’éthogramme c’est l’ensemble des comportements.
L’observation est la base de l’éthologie de terrain, Une source de renseignements très importante pour appréhender un comportement normal et le différencier d’un comportement déviant. Une observation correcte va nécessiter une longue expérience, de la rigueur et de la méthode. Sans oublier quelque chose que l’on ne peut apprendre dans les livres, c’est l’empathie, une intuition fusionnelle qui offre la possibilité de se mettre à la place de l’individu et de ressentir les choses comme lui, c'est-à- dire comme un canidé et non comme un humain. Dans tous les cas l’objectif c’est d’éviter ou de supprimer une souffrance de l’animal et de soulager le maître qui vit avec un chien à problèmes.

Selon Karl Weik, une observation scientifique doit :
1) Servir à un objet de recherche
2) Faire l’objet d’un plan systématique, d’une méthode structurée qui doit comporter :
- Une phase d’observation active, volontaire, du sujet et du phénomène étudié, après élaboration des hypothèses de base qui serviront à orienter la démarche
- Une phase d’analyse des éléments observés après confrontation de ces éléments et des hypothèses de base
3) Être méthodiquement consignée
4) Être soumise à des contrôles de fiabilité et de validité. Déceler, évaluer, mettre en œuvre des actions pour diminuer
ou supprimer les comportements déviants.

Il ne faut pas oublier chacun des paramètres pour une observation vraiment éthologique : Le milieu, les relations avec les maîtres, la manière dont ils perçoivent le chien, l’observateur s’il est présent physiquement.
Dans cette observation active, tous les sens doivent être en éveil ainsi que la pensée. Il faut savoir distinguer les signes immédiatement perceptibles et ceux qui le sont moins, car chacun a son importance. On n’oubliera pas de tenir compte du lieu de vie et du mode de vie car ceux-ci ont une influence extrême, en particulier la perception des maîtres de leur animal et la manière qu’ils ont de communiquer avec lui, c’est ce que l’on nomme l’approche « systémique ». Les sociopathies entre les humains et les chiens ne sont souvent que le résultat d’une mauvaise communication. Cette approche, mise en valeur aux Etats-Unis par des psychiatres et des psychanalystes dés les années 50,
tient compte du groupe dans lequel vit l’individu, qui peut provoquer des troubles du comportement par une vision tronquée de l’animal. On peut citer quelques exemples : le besoin de s’affirmer à travers lui, le besoin de contact (principe de la peluche), le besoin de consolation, le besoin de remplacement (enfant ou autre chien), le besoin d’exister (présence constante), le besoin d’être sécurisé…

Le plus difficile en rééducation comportementale, c’est de parvenir à transformer chez les maîtres ces visions anthropomorphiques
(quelquefois des idées préconçues : le Husky fugueur, le Labrador gentil, le lévrier têtu, etc.). Tout un système où vit le chien qu’il faut transformer car il ne correspond pas à l’éthologie de son espèce.
Les problèmes les plus connus qui en résultent sont l’hyper attachement avec anxiété de séparation, la modification de la hiérarchie, l’anxiété permanente, l’hypersensibilité hyperactivité (HSHA).
Dans tous les cas un recadrage s’impose en demandant aux maîtres de modifier leurs habitudes afin de remettre le chien à sa vraie place, ce n’est qu’à cette condition seulement que l’homéostasie de l’ensemble sera acquise. Ce que tous les médicaments, les récompenses ou les punitions, ne peuvent parvenir à réguler.
Le chien observe ses Maîtres continuellement, il profitera de la moindre défaillance, ces stratégies ont pour but de faire comprendre à la famille humaine qu’elle est à l’origine du problème en renforçant de manière consciente ou inconsciente les comportements.
Le chien doit être respecté en tant qu’individu en lui donnant des conditions éthologiquement adaptées. Il faut le comprendre pour qu’il vivre en harmonie avec le groupe. Toute position ambiguë du maître donne lieu à des situations conflictuelles. On tiendra compte également de notre vécu personnel et de notre sensibilité en fonction des expériences que l’on a des de situations similaires, en essayant de les occulter pour rester objectif car chaque cas est unique.
Donc, éviter les a priori, les transferts émotifs, pour rester neutre. Cette neutralité doit aller encore plus loin et il est essentiel que l’on ne participe pas physiquement à la situation, car il y a toujours une influence « observateur/observé ». L’idéal c’est d’utiliser des moyens modernes comme la caméra vidéo qui permet de tout voir dans les conditions habituelles d’apparition du mauvais comportement sans être présent. On peut s’aider d’une grille d’évaluation qui répertorie les signes à observer, afin de n’omettre aucun détail. Un travail méthodique, codifié, qui répond à tous les critères.

Joseph Ortéga - Juin 2014
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
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