Pour vous inscrire sur le forum, tout est expliqué ici
Après la création de votre compte, sans présentation au bout d'une semaine, Votre compte sera supprimé.

Rôle de l'animal dans les relations non verbales

Verrouillé
Avatar du membre
souris65
Messages : 3801
Enregistré le : jeu. 17 janv. 2008 00:00
Humeur : Un peu speed comme les Dalmatiens
Prénom : Sabine
Fonction dans l'asso : Assistante en éthologie et Comportement Canin, Félin, Equin
Localisation : Montmirail (51)

Rôle de l'animal dans les relations non verbales

Message par souris65 »

La période allant du 7ème mois à la fin de la première année est caractérisée par l'apparition de l'angoisse. C'est à ce moment que débutent les relations non verbales qui peuvent être stimulées par l'animal. Sa présence auprès de l'enfant permet la facilitation, l'acquisition et la consolidation des actes ritualisés étudiés par Montagner. Ces relations non verbales (postures, gestes, mimiques, vocalisations, etc.) jouent un rôle important dans la tolérance mutuelle et l'établissement de liens privilégiés entre deux ou plusieurs enfants. L'animal peut aider l'enfant dans le développement de sa gestualité qui lui sert de moyen de communication avant la 4ème année.

En observant le comportement de l'animal, l'enfant découvre la toilette, le jeu, les attitudes et les positions du corps. Tout doucement l'enfant perçoit son schéma corporel par l'intermédiaire de l'image renvoyée par son compagnon à quatre pattes.

L'enfant communique avec l'animal par les contacts, l'odeur, la sensualité et les rythmes de l'être. Il semble que cette propension à comprendre l'animal soit innée chez l'enfant. La recherche fondamentale étudie les mécanismes de communication qui s'établissent entre l'homme et l'animal de compagnie ainsi que les effets physiologiques et psychologiques de cette relation. Dans ce domaine, l'équipe du Professeur Hubert Montagner (directeur du laboratoire de psychophysiologie à l'université de Montpellier INSERM Unité 70) a beaucoup avancé.

La communication est l'un des plus grands problèmes sociaux de l'humanité depuis le mythe de la Tour de Babel. La communication n'est souvent comprise que dans sa dimension verbale ; on oublie qu'il existe d'autres modes notamment gestuels.

Dans le domaine affectif, les inhibitions réduisent le vocabulaire et aboutissent à des restrictions paupérisantes. L'animal permet une expression élargie car il se situe au delà des inhibitions sociales et tel enfant en apparence incapable d'affection déborde de tendresse avec son chien et le manifeste par des mots, des caresses et des embrassades. Enfant et chiot parviennent à communiquer parfaitement, l'enfant décodant sans peine les signaux (comme les mimiques, les jappements, les postures, les regards éloquents…) de l'animal et inversement. L'enfant en mal de confidence peut tenir dans l'oreille de son compagnon à quatre pattes de longs monologues. L'animal, même s'il ne peut comprendre leur teneur, peut ressentir leur tristesse ou leur joie et parvient à s'y adapter parfaitement.

Le développement sensoriel

Le besoin de pouponner le jeune animal semble être inné chez l'homme. L'individu le plus égoïste, le moins sensible et le plus rustre sera toujours touché par un chiot ou un chaton désemparé.

Le contact physique est primordial pour ces deux êtres. Furtif et éphémère, le toucher autorise le bébé à construire une image du vivant. Les échanges tactiles progressent doucement et aux attouchements exploratoires succèdent les caresses affectueuses.

En grandissant, le bébé recherche plus souvent l'animal qui lui procure un double sentiment d'amour et de protection. Ceci d'autant plus fréquemment que l'enfant affronte alors la difficile période du sevrage. La séparation d'avec la mère est adoucie par le réconfort discret que l'animal apporte au bébé. Ses angoisses diminuent au contact de l'animal à l'heure où l'enfant a peur de perdre, avec le sein maternel, sa propre mère. Mais la tendresse du chat ou du chien trouve ses limites lorsque les explorations enfantines le gêne. La perception des contours d'un être vivant et l'existence de la personnalité se développent alors progressivement chez l’enfant.

Durant la période préopératoire (Piaget), l'animal vivant n’apparaît plus comme un ours en peluche, c'est un être autonome et doté de réactions. 40% des enfants de un à quatre ans, 16% des cinq à huit ans et 9% des neuf à douze ans font régulièrement des rêves peuplés d'animaux. La dose d'animalité est d'autant plus forte que l'enfant est jeune.

L'affectivité est primordiale dans la relation entre l'animal et l'enfant et la relation tactile à l'animal véhicule l’affection et la sécurisation.

Le jeu

C'est essentiellement dans le jeu que les relations de l'enfant avec le petit animal sont les plus intenses. Lorsque l'enfant commence à marcher, le chiot l'invite à le suivre, provoque des jeux de balle et des simulacres de lutte. Il participe ainsi au développement psychomoteur de l’enfant. Le petit animal s'épanouit et s'équilibre à travers cette relation privilégiée. Une complicité naturelle et profonde s'établit rapidement.

Boris Levinson a précisé le rôle de l'animal dans les relations ludique et affective :

" Certains enfants ont besoin d'un partenaire pour les jeux qu'ils inventent. Le chien leur sert à libérer tensions et frustrations, craintes ou aversions ou tout simplement à exprimer leur créativité. Dans un cas comme dans l'autre, le chien familier participera au jeu et servira même de garde-fou à une imagination trop fertile. "

On connaît l'importance du jeu pour l'enfant :

communication,
action,
appréhension du corps,
imitation sans danger d'actes dangereux,
symbolisation,
projections,
réalisation de pulsions partielles,
identification,
sublimation,
fantasmes
L'enfant souhaite se rapprocher de l'animal avec qui il joue et approfondir la communication avec lui. Pour Ange Condoret, la présence de l'animal déclenche le processus dynamique et stimulant qui fait sortir l'enfant de lui-même. " Le désir de caresser et celui de jouer vont mobiliser la dynamique de l'enfant. " Cette relation entre l'animal et son jeune maître exige parfois que ce dernier surmonte sa peur. Cette expérience augmente la confiance de l'enfant dans ses capacités à résoudre les problèmes. D'autre part l'animal est un moyen pour l'enfant de se valoriser.

Rôle affectif

Dans une étude sur les relations entre les enfants et les animaux familiers, Levinson estime qu'à une époque où les mères de famille travaillent à l'extérieur et où les familles sont plutôt réduites, le chien peut combler un vide dans l'existence de l'enfant.

" Père et mère absents, c'est le chien qui lui tient compagnie, tout en assurant (à l’enfant) une protection bien utile. Auprès d'un très jeune enfant le chien remplacera la présence humaine beaucoup mieux que ne le ferait une poupée, un ours ou tout autre objet affectif " .Pommery renchérit :

" Pour l'enfant, l'animal correspond à une nécessité. De nos jours il est fréquent que les parents travaillent ; deux millions d'enfants n'ont, en France, personne à qui parler lorsqu'ils rentrent de l'école. Plus que jamais, ils ont besoin d'un compagnon familier pour s'épanouir. Ce dernier constitue, sinon la panacée, du moins une aide efficace à leur développement. "

Généralement, l'animal ne cède pas aux caprices de l'enfant même si ce dernier prend conscience du difficile exercice de la négociation. Courant après son autonomie, l'enfant entre dans une période où il peut assumer seul ses mouvements et modifier ses rapports affectifs avec ses parents. Face aux interdits du monde des adultes, l'enfant se retourne vers l'animal pour trouver refuge et tendresse. Vers 2 ans, le langage apparaît et l'enfant peut exprimer ses sentiments à l'égard de son compagnon. L'animal participe activement à la structuration de la vie sociale de l'enfant qu'il attire par des comportements spécifiques.

Entre ces deux êtres, tout est fondé sur un code qu'ils déterminent en commun. De son côté l'animal développe toute une stratégie pour inviter, rejeter ou éviter l'enfant. Il est capable d'entrer dans la complicité en jouant de son corps et en utilisant des techniques ancestrales que ses instincts lui indiquent. A sa manière, l'animal participe aux jeux enfantins en apportant son savoir-faire. Lorsque l'enfant a acquis la parole, il doit, pour décrire les actions de son compagnon, utiliser des mots et des phrases contenant les termes difficiles de " chat" ou de " chien " . En même temps, l'enfant entre dans sa phase d'identification aux adultes et son animal devient un modèle qu'il cherche à imiter.

Confronté à la vie en crèche, l'enfant utilise pour communiquer toute la gestuelle qu'il a développée avec son animal. Progressivement, les relations que ces deux êtres ont nouées se transforment en fonction de l'autonomie grandissante de l'enfant qui cherche de plus en plus à agir comme son père et sa mère. Il prend alors de l'ascendant sur son compagnon et en devient le protecteur quitte à s'opposer à ses parents. De cette manière, l'animal participe à la structuration de la personnalité de l'enfant en lui donnant l'occasion de s'affirmer. L'animal devient le " bébé " de l'enfant.

Ce pôle affectif de la relation enfant-animal est d'ailleurs à prendre en compte dans le refus de certaines mères à offrir à un animal à leur enfant comme l'analyse le psychanalyste Jean-Pierre Bigeault qui parle de " concurrence affective " :

" L'enfant peut s'attacher à l'animal plus qu'à ses parents. Cet élément joue particulièrement chez la mère qui a peur de ne pas suffisamment aimer son enfant, qui se sent une mauvaise mère, souvent à tort. Elle se fait une telle exigence de la maternité, du maternage, qu'elle estime qu'elle ne serait pas à la hauteur face à un animal. Les raisons de cette crainte sont difficiles à déceler. Elle avait peut-être elle-même une mère qui n'avait pas le temps de s'occuper d'elle et elle pense qu'elle va se retrouver prise dans le même système et que donner un animal à son enfant serait en quelque sorte abdiquer son désir de bien faire. Elle sait qu'un enfant peut avoir avec l'animal une relation de possession, nouer avec lui un lien affectif à un point tel qu'il peut paraître jouir d'une certaine autonomie affective au sein de la famille. Et, cela, elle ne le supporterait pas. "

Il est très rare qu'un enfant soit sciemment cruel avec son animal. De telles conduites doivent bien entendues être réprimandées et une cause profonde doit être recherchée : impression d'être laissé pour compte, d'avoir été injustement puni, etc.

" La tendance sadique à torturer les animaux s'observe chez l'enfant caractériel. Elle peut s'exercer sur un animal vis-à-vis duquel il manifeste ainsi sa toute puissance. Ce peut aussi être une façon de se venger du propriétaire, tel cet enfant qui avait vrillé les yeux du chien du grand-père détesté. " (D.-J. Duché)

Dr Lyonel Rossant et Dr Jacqueline Rossant-Lumbroso
http://www.doctissimo.fr
Nier la souffrance de l'animal entraine vite à devenir indifférent
à celle de l'humain.


Pour protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut connaître.
"Sans les animaux le monde ne serait pas humain" Kl. Matignon


Calins à vos dalmatoutous de Sabine
et léchouilles des taches du terrier : Jaïa et Lakshmi
Verrouillé

Retourner vers « Le chien et l'enfant »